La Tribune Nouvelle SAS, société éditrice de l'hebdomadaire économique "La Tribune" et de son site internet, présidée par M. Jean-Christophe TORTORA, président du Groupe Hima (France Economie Régions), a officialisé hier l'entrée à son capital de M. Laurent ALEXANDRE, médecin, président de la société de séquençage des gènes DNAVision et cofondateur du site Doctissimo (cf. "CP" d'hier). Ce dernier a repris à titre personnel les parts du groupe Hi-Média, présidé par M. Cyril ZIMMERMANN, et devient ainsi deuxième actionnaire de référence du groupe, avec 28 % du capital. De son côté, le Groupe Hima détient 68 % du capital et JCG Médias 4 %. L'assemblée générale de La Tribune, qui se tiendra le 12 septembre prochain, doit désormais valider l'entrée du nouvel actionnaire.
"Dans le cadre de la réorganisation du périmètre du groupe, l'intérêt capitalistique était moins pertinent dans la mesure où nous continuons de les accompagner dans le développement technique et au point de vue commercial", a expliqué à "La Correspondance de la Presse" M. Gabriel de MONTESSUS, directeur financier d'Hi-Média. La Tribune et la régie publicitaire Hi-Média ont en effet prolongé leur accord de régie externe, selon nos informations pour deux ans, soit jusqu'à la fin de l'année 2014. Réalisée mi-juillet, l'opération de sortie unilatérale était pré-déterminée, a précisé la régie, assurant qu'elle n'avait "pas fait de moins value sur la mise de départ". Hi-Média avait déjà procédé de la sorte avec la sortie du capital de Rue89, qui a rejoint le groupe Le Nouvel Observateur du Monde en 2011.
"La Tribune", "modèle du futur" selon M. ALEXANDRE
De son côté, M. ALEXANDRE assure de sa foi en l'avenir de "La Tribune". "C'est le premier quotidien français à avoir supprimé son édition papier pour se concentrer sur ses développements numériques, ce qui est de mon point de vue le modèle du futur", a ainsi assuré le nouvel actionnaire à "La Correspondance de la Presse". Et de pronostiquer qu'il "ne se passera pas beaucoup d'années avant que 'Le Monde', 'Le Figaro" ou 'Libération' abandonnent leur édition papier sauf le week-end".
Sur le plan économique, M. ALEXANDRE se dit également persuadé que le modèle économique de La Tribune SAS est désormais "le bon". "Quand j'ai créé Doctissimo (en 2000, NDLR), j'étais déjà convaincu de la pertinence de modèles relativement low-cost, et La Tribune rentre dans cette vision de cost-containment assez fort", nous a-t-il expliqué. Tout en soulignant que "depuis que le quotidien est passé au tout numérique, les pertes ont été sensiblement réduites", "La Tribune" n'étant aujourd'hui "plus très loin de l'équilibre".
Dès lors, celui qui avait revendu en 2008 Doctissimo au groupe Lagardère assure de la pérennité de son investissement. "J'ai toujours été un investisseur de long terme, je ne suis pas un financier mais un industriel", a-t-il ainsi souligné, assurant qu'il n'y avait "pas de limites dans la durée à [sa] participation".
Levée de 1,5 million d'euros
De fait, La Tribune SAS doit désormais poursuivre ses développements, et prévoit de lever, dès son nouveau tour de table validé, la somme de 1,5 million d'euros, nous a confirmé M. Jean-Christophe TORTORA. Un montant qui sera réuni "au prorata de la clé de répartition" de chacun des actionnaires.
Pour le président de la société, l'arrivée au capital de M. ALEXANDRE, un "acteur projeté sur le numérique", symbolise "cette nouvelle économie qui est la voie et le chemin de La Tribune". Après une année de réorganisation, 2013 doit être, selon M. TORTORA, l'année du "retour à la croissance" pour la société éditrice de l'hebdomadaire économique. Cette dernière doit ainsi enregistrer un chiffre d'affaires "un peu au-dessus de 6 millions d'euros", contre 4,6 millions d'euros en 2012. Le journal revendique également avoir passé la barre des 10 000 abonnés à son système d'information, contre 6 000 en juillet 2012, tandis que le site a enregistré 1,1 million de visiteurs uniques en juillet et jusqu'à 1,7 million en mai et juin, selon des chiffres de Médiamétrie/NetRatings.
Lancement d'un nouveau quotidien numérique en 2014
Pour poursuivre ces développements, le journal va lancer un "nouveau quotidien numérique" en janvier 2014 (disponible dès 21h30 la veille en version PDF), qui devra comporter des vidéos et des contenus enrichis. "Ce sera un produit plus innovant, un quotidien de gamme supérieure", indique M. TORTORA. Un nouveau site internet sera également lancé en octobre prochain.
En revanche, La Tribune SAS ne va pas mobiliser de moyens supplémentaires sur les ventes en kiosque (5 000 exemplaires environ). "Ce n'est pas notre priorité, ni notre objectif", tranche M. TORTORA. De là à ce que d'aucuns s'interrogent sur la disparition de l'édition papier hebdomadaire de "La Tribune"… "Ma conviction, c'est qu'un jour ou l'autre tous les quotidiens papier disparaîtront, et plus vite qu'on ne le croit", assure le président, tout en estimant que "aujourd'hui, ce temps là n'est pas arrivé". "Aujourd'hui, nos abonnés sont très satisfaits de la complémentarité entre un quotidien numérique et un produit papier qu'ils peuvent lire en fin de semaine", souligne M. TORTORA, précisant que l'hebdomadaire était "intégré dans l'offre de la société pour 2014".