Correspondance économique - Date de parution : 31/05/2023
La campagne pour l'élection à la présidence du Medef, qui aura lieu le 6 juillet prochain, bat son plein. Les deux candidats, Mme Dominique CARLAC'H et M. Patrick MARTIN, ont été auditionnés successivement hier matin à la Cinémathèque à Paris, par l'assemblée générale de l'organisation patronale. Un grand oral millimétré, qui a laissé peu de place à l'improvisation et au cours duquel Mme CARLAC'H puis M. MARTIN ont décliné les programmes présentés la semaine passée (cf. CE du 24/05/2023 et du 25/05/2023).
Rappelons que l'assemblée électorale qui se prononcera le 6 juillet est composée de 660 représentants des fédérations professionnelles adhérentes au Medef (cf. CE du 30/05/2023), de 440 représentants des Medef régionaux et territoriaux, et des membres du conseil exécutif de l'organisation patronale.
M. MARTIN, qui endosse le rôle de favori dans cette élection, peut se prévaloir du soutien de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) et de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui totalise, à elles deux 95 sièges au sein de l'assemblée électorale. Il a aussi reçu hier le soutien de la Fédération des Industries Électriques, Électroniques et de Communication (FIEEC) qui dispose de cinq voix. Le candidat peut également se prévaloir du soutien de la Fédération nationale du bois (FNB), de la Fédération des distributeurs de matériaux de construction (FDMC), de Polyvia, l'organisation professionnelle représentative des transformateurs de polymères. Son statut d'ancien président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes de 2016 à 2018 lui vaut aussi un certain nombre de soutiens au sein des Medef régionaux et territoriaux, notamment celui de l'ensemble des Medef d'Outre-Mer, du Medef Pays-de-la-Loire, du Medef Drôme-Ardèche, du Medef Cantal, du Medef Allier, du Medef Puy-de-Dôme, du Medef Limousin, du Medef Gironde, du Medef Marne ou encore de l'Union pour l'Entreprise 06 (Alpes Maritimes).
Mme CARLAC'H veut quant à elle dépasser son statut de challenger. " J'ai installé le match ", a-t-elle clamé hier, vantant la " dynamique ", qu'elle constate depuis le début de la campagne. M. Lamine GHARBI, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) (qui dispose de 10 sièges au sein de l'assemblée électorale) lui a apporté son soutien lundi. La veille, le président du conseil d'administration de Renault Jean-Dominique SENARD et la directrice générale d'Orange Chrystel HEYDEMANN, même s'ils ne sont pas votants, s'étaient prononcés en sa faveur. Rappelons que Mme CARLAC'H a aussi rallié plus tôt dans la campagne plusieurs postulants à la présidence du Medef : MM. Pierre BRAJEUX, Guillaume CAIROU et Olivier KLOTZ.
Plusieurs grandes fédérations dont le choix sera déterminant doivent encore se prononcer. C'est notamment le cas de France Assureurs (65 sièges), de la Fédération bancaire française (FBF) (57 sièges), de la Fédération Syntec (33 sièges), de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) (28 sièges), de la Fédération française des industries de santé (23 sièges), ou encore de Prism'emploi (20 sièges).
" Candidat lancé " contre candidate " de la modernité
" C'est maintenant que je veux être utile, je suis prête. Je n'ai pas vocation à être la candidate du futur, c'est maintenant que ça se passe ", a martelé Mme CARLAC'H hier sur la scène de la Cinémathèque, en faisant valoir l'expérience engrangée depuis cinq ans sous le mandat de M. Geoffroy ROUX de BEZIEUX, en qualité de vice-présidente et porte-parole du Medef, mais aussi sa volonté d'apporter des évolutions. " On ne peut pas être prisonnier des enjeux de 2018 avec les évolutions de 2023 ", a-t-elle estimé. " Deux lignes claires vous sont proposées : un Medef de la continuité des années passées et un Medef de la modernité pour les années à venir ", a-t-elle lancé faisant référence à un Patrick MARTIN, président délégué du Medef, c'est-à-dire numéro 2 de l'organisation depuis 2018.
Un héritage assumé par M. MARTIN. " Je suis un candidat lancé ", a-t-il affirmé à plusieurs reprises hier, manière de souligner qu'il est déjà bien au fait des dossiers, des interlocuteurs, et au fond déjà aux manettes. "Nous pouvons nous honorer collectivement du travail qui a été fait" depuis 2018 sous la présidence de M. ROUX de BEZIEUX, a fait valoir le candidat. "Nous avons contribué à des avancées extrêmement significatives", a-t-il affirmé en citant "le maintien de la trajectoire de taux d'IS" (impôt sur les sociétés), la baisse de 8 milliards des impôts de production, et un assouplissement du droit social favorable au patronat, obtenu "sans que nous nous en soyons prévalus publiquement parce qu'il y a des moments où il faut savoir se taire plutôt que de fanfaronner". Face à des "situations critiques" comme la crise des gilets jaunes et la pandémie de Covid-19, ou aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine, "nous avons été sur la balle, nous avons été au rendez-vous", a-t-il encore dit.
S'ils mettent en avant des incarnations différentes, les deux candidats ne sont pas éloignés sur les sujets de fond. Mme CARLAC'H a dénoncé une " complexité administrative étouffante ", tandis que M. MARTIN fustige lui le " délire réglementaire ".
Tous deux se rejoignent sur le modèle fondé sur la " croissance ". Une " évidence quand on veut être présidente du Medef " pour Mme CARLAC'H. " Je serai la présidente qui fera progresser le compte d'exploitation de nos entreprises ", a-t-elle lancé. M. MARTIN met, lui, en avant la " croissance responsable " et veut, s'il est élu réunir les partenaires sociaux autour d'une conférence " croissance et climat ".
Au plan fiscal, le candidat souhaite une poursuite de la baisse des impôts de production de 20 milliards d'euros d'ici à 2028. Mme CARLAC'H appelle aussi à " poursuivre le combat " sur ces impôts de production, et évoque notamment le sujet de la Cotisation foncière des entreprises (CFE). Et la candidate insiste aussi et surtout sur la nécessité d'alléger les charges sur le travail qualifié.
Correspondance économique - Date de parution : 25/05/2023
Après M. Patrick MARTIN mardi, c'était au tour de Mme Dominique CARLAC'H hier de présenter son programme en vue de l'élection à la présidence du Medef qui se déroulera le 6 juillet prochain.
D'ici là, les deux candidats passeront un grand oral devant l'assemblée générale de l'organisation patronale le 30 mai. Un débat télévisé entre M. MARTIN et Mme CARLAC'H sera en outre organisé le 26 juin.
Mme CARLAC'H a bâti son programme autour de cinq piliers : "garantir les équilibres sociaux" ; "établir une souveraineté compétitive" ; "accompagner toutes les transitions : démographiques, environnementales, technologiques, entrepreneuriales et sociétales" ; "rassembler tous les entrepreneurs de France" ; "élargir notre influence et notre impact".
Des axes qui se retrouveraient déclinés dans la future gouvernance du Medef en cas de victoire. "Sur le plan national, nous constituerons cinq pôles chargés de la mise en euvre du programme présenté, dont les actions seront coordonnées par un(e) vice-président(e) du Medef, facilitant la prise en compte des contributions de chacun, avec des feuilles de route validées en conseil exécutif, le cinquième pôle restant du ressort direct de la présidente", indique le programme présenté hier. La candidate, qui a déjà annoncé qu'elle ne nommera pas de président délégué si elle est élue (cf. CE du 11/05/2023), souhaite réduire le nombre de commissions de l'organisation patronale "au profit de comités thématiques à durée de vie limitée".
Alléger le coût du travail qualifié
S'agissant de la fiscalité, Mme CARLAC'H insiste sur les charges et sur le "nécessaire allègement du coût du travail qualifié", particulièrement crucial selon elle dans les secteurs de la banque, de l'assurance, ou encore de l'ingénierie, sur des niveaux de recrutement à Bac +2. Evoquant un coût de ce travail qualifié "beaucoup plus élevé que chez nos voisins", et encore plus face aux grands pays émergents. D'où la crainte d'un "déclassement" pour les catégories de salariés, face à la concurrence des ingénieurs étrangers par exemple, "qui ne sont pas moins formés que les nôtres". Elle aspire également, comme son concurrent à une poursuite de la baisse des impôts de production.
Débattre "sans tabou" du nouveau rapport au travail
Mme CARLAC'H appelle à débattre "sans tabou" du nouveau rapport au travail, et aspire sur ce point à un "constat partagé avec les autres organisations patronales". Mais elle trace une ligne rouge : "La productivité et la création de valeur doivent quand même être au centre de nos préoccupations". "Dialoguer sans tabou sur le travail de demain ne voudra pas dire travailler moins", prévient la candidate, qui met en avant les relations qu'elle a tissées au sein du gouvernement et des syndicats.
Avec la secrétaire générale adjointe de la CFDT Marylise LEON, qui doit succéder le 21 juin à M. Laurent BERGER et la nouvelle secrétaire de la CGT Sophie BINET, "on a souvent travaillé ensemble, parce qu'on était souvent dans le même rôle de représentation de nos chefs", explique la représentante patronale. "On se tutoie, on a les 06 et les rendez-vous sont déjà pris avant la fin de la campagne" au Medef, vante la candidate, qui doit affirmer sa stature de candidate face à un Patrick MARTIN qui fait figure de grand favori de l'élection.
"Bâtir une souveraineté compétitive"
Mme Dominique CARLAC'H veut "bâtir une souveraineté compétitive", ce qui implique selon elle de ne "plus être naïfs ni muets sur les conditions de la concurrence en Europe" face aux "capitalismes d'Etat américain et chinois".
Tout comme M. MARTIN, elle souhaite une "pause réglementaire". En cas de victoire, elle annonce le lancement par le Medef d'une task force "Better regulation in Europe". La candidate souhaite aussi que le Medef s'implique, avec les fédérations concernées "dans l'élaboration d'un "fast track" réglementaire permettant d'accélérer le processus de mise sur le marché de produits innovants".
Correspondance économique - Date de parution : 08/03/2023
La campagne pour l'élection à la présidence du Medef est officiellement lancée depuis lundi. Mme Dominique CARLAC'H, vice-présidente et porte-parole de l'organisation patronale a officialisé sa candidature hier soir, pour jouer un rôle "rassembleur". Rappelons que Mme CARLAC'H s'était portée candidate lors de la précédente élection en 2018.
Cette fois "j'y vais pour gagner", a assuré celle qui dit avoir été en 2018 "enfermée dans une double singularité de femme de la campagne et donc de femme alibi, qui féminisait un peu l'organisation patronale, et puis la sportive". Mme CARLAC'H est ancienne championne de France
junior du 400 mètres.
Cette année, elle a placé sa campagne de quatre mois sous le slogan "envie d'entreprendre ensemble". Dans "un monde qui a profondément changé", l'actuelle vice-présidente se dit persuadée qu'"il faut être rassembleur et défragmenteur, que ce soit pour la société dans son ensemble ou au niveau de l'entreprise". "La performance ne se mesure pas seulement sur le financier et l'économique, mais sur l'extra-financier", qui prend en compte les relations avec les salariés mais aussi avec les clients et les fournisseurs, explique-t-elle.
Née en octobre 1968, ancienne athlète, diplômée de l'Institut d'études politiques (IEP) de Grenoble, titulaire d'un DESS en économie industrielle d'entreprise, Mme Dominique CARLAC'H fut analyste des politiques publiques d'innovation à l'OCDE (1990-1991). Elle fonda en 1991, la société de conseil en stratégie et financements de l'innovation D&Consultants, qu'elle préside depuis lors. Elle fut présidente de l'Association des conseils en innovation (juin 2014-juin 2018). Mme Dominique CARLAC'H est depuis juillet 2018, vice-présidente, porte-parole et membre du conseil exécutif du Medef, et présidente de la commission "nouvelles responsabilités entrepreneuriales" du Medef. Elle est en outre administratrice, en qualité de personnalité qualifiée de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), depuis mars 2018, et membre du bureau fédéral de la Fédération française d'athlétisme, depuis décembre 2020.
Lundi Mme CARLAC'H a participé à une réunion "avec d'autres candidats qui souhaitaient se présenter". Etaient présents le président délégué du Medef Patrick MARTIN, le président du Medef Alsace Olivier KLOTZ, le vice-président de la Fédération française de la sécurité privée Pierre BRAJEUX, tandis que le président de la Fédération Syntec (ingénierie et conseil) Laurent GIOVACHINI, actuellement hospitalisé, s'est fait représenter, a-t-elle rapporté. Un proche deM. GIOVACHINI a indiqué qu'il était "trop tôt pour se prononcer sur la suite de sa campagne".
L'autre vice-président et porte-parole du Medef, M. Fabrice LE SACHE, a appelé "Patrick Martin à se présenter à la présidence et à assumer la charge de la future mandature". Selon lui, "le contexte actuel et les multiples crises nécessitent un Medef très solide avec une prise forte sur les dossiers" et "Patrick est la personne qu'il faut dans ce moment de notre histoire".
Enfin, le président de France Industrie Alexandre SAUBOT, finaliste face à l'actuel président Geoffroy ROUX de BEZIEUX en 2018, a déclaré hier n'avoir "fait à ce jour aucune déclaration" de candidature.
Pour pouvoir concourir, les prétendants doivent d'ici début mai réunir 150 parrainages parmi 550 membres de l'assemblée générale de l'organisation. Chacun de ces membres peut accorder trois parrainages au maximum.
La validation des candidatures par le comité statutaire et d'éthique aura lieu le 5 mai. Le 30 mai, les candidats seront ensuite auditionnés. La campagne se terminera par un scrutin électronique le 6 juillet auquel participeront 1.120 membres de l'assemblée élective de l'organisation.