Le président du conseil d'administration d'Engie Jean-Pierre CLAMADIEU, arrivé en 2018, a vu son mandat renouvelé hier pour quatre ans à l'issue de l'assemblée générale du groupe, avec plus de 99,6 % de votes favorables. Dans une interview au "Figaro", ce dernier n'a pas écarté l'hypothèse d'un rachat par Engie d'actifs d'EDF dans les énergies renouvelables. "L'Etat, actionnaire très majoritaire d'EDF, devrait dans les prochaines semaines fixer le cadre lui permettant de se consacrer à la priorité essentielle que constitue le nucléaire", a-t-il noté. "Nous verrons alors si cela se traduit ou non par des opportunités".
Concernant la crise Russo-Ukrainienne et ses répercussions sur la situation énergétique, M. CLAMADIEU a estimé dans le même entretien que son groupe pouvait se passer du gaz russe, lequel représente 20 % de son approvisionnement. A ses yeux, l'Europe dans son ensemble serait "sans doute capable de remplacer la moitié du gaz russe. L'autre moitié serait amortie par des arrêts et des réductions de consommation supportés par le secteur industriel". Et de noter au passage qu'Engie a diversifié ses sources d'approvisionnement ces dernières années, "provoquant parfois un tollé lorsque nous voulions nous fournir en gaz de schiste américain".
Autre conséquence du conflit, le gouvernement belge a décidé de prolonger de dix ans deux réacteurs nucléaires, opérés par la filiale locale d'Engie Electrabel, et qui auraient dû fermer en 2025. "Ce qui aurait été compliqué mais réaliste il y a trois ans devient difficile aujourd'hui", a averti sur ce point M. CLAMADIEU, qui s'attend à des discussions "très complexes" de "plusieurs mois".
Par ailleurs, lors de l'assemblée générale d'hier, M. CLAMADIEU a jugé qu'il fallait intensifier les efforts dans la transition énergétique, plutôt que cesser le développement des éoliennes comme le propose la candidate RN à l'élection présidentielle Marine LE PEN. "L'enjeu aujourd'hui, ce n'est pas de ralentir la transition énergétique et encore moins de partir en marche arrière, c'est au contraire d'accélérer", a-t-il répondu à un actionnaire l'interrogeant sur "le démantèlement des éoliennes" prôné par Mme LE PEN. "L'idée qu'on puisse démanteler des éoliennes, sauf lorsqu'elles sont en fin de vie, ça me paraît plutôt une forme d'aberration", a-t-il déclaré. "Il faut que nos projets de développements renouvelables s'intègrent dans leur environnement local, mais je pense que la priorité pour nous, c'est vraiment d'avancer ; le nous étant Engie mais aussi la France et l'Europe", a conclu l'industriel.
Engie consultait par ailleurs ses actionnaires au sujet de sa stratégie climatique, qui a été soutenue à 96,7 %. Cet avis a toutefois "un caractère purement consultatif" et "n'aura pas de caractère contraignant". L'entreprise met en avant son plan de sortie du charbon (d'ici 2025 en Europe et 2027 pour le reste du monde), la substitution progressive du gaz fossile par les gaz renouvelables ou décarbonés et le développement des renouvelables. A noter que l'assemblée générale a aussi vu la nomination de Mme Marie-Claire DAVEU, ingénieure en chef des ponts, des eaux et des forêts, directrice du développement durable et des affaires institutionnelles internationales de Kering, en tant qu'administratrice indépendante d'Engie (cf. CE du 04/03/2022). Le mandat de M. Ross McINNES, président du conseil d'administration de Safran, a pour sa part été renouvelé.