Les actionnaires du premier assureur italien Generali ont voté hier pour la reconduction du directeur général Philippe DONNET, qui briguait un quatrième mandat d'une durée de trois ans, a annoncé le président du conseil d'administration Andrea SIRONI. Plus de la moitié (52,38 %) du capital représenté lors de l'assemblée générale a opté pour la liste de Mediobanca, premier actionnaire de l'assureur (13 %) qui soutient M. DONNET, alors que 36,85 % a choisi celle du camp adverse, présentée par le magnat de la construction, Francesco Gaetano CALTAGIRONE. La liste de Mediobanca disposera de dix membres du conseil d'administration qui en compte treize et celle de M. CALTAGIRONE pourra désigner trois représentants.
Le vote a été un peu plus serré qu'il y a trois ans, lorsque le Français avait recueilli 60 % des votes, pour une participation en légère baisse (68 % contre 70,73 % en 2022). Dans un contexte plus que tendu par une fronde d'une partie des actionnaires, le polytechnicien a pu compter sur les voix de Mediobanca, qui détient 13 % du capital, et d'une série de fonds d'investissement, tels que BlackRock, Vanguard, Norges et Amundi, qui s'étaient rangés derrière lui. Le choix des
actionnaires institutionnels, représentant 32 % du capital, s'est avéré décisif : les deux principales sociétés de conseil aux actionnaires ISS et Glass Lewis, en général très écoutées par ces investisseurs, avaient en effet recommandé de voter pour l'actuel directeur général.
"Vous vous êtes exprimés avec une grande clarté en faveur de la continuité de la gouvernance", s'est félicité M. DONNET devant les actionnaires présents à Trieste. Depuis son arrivée aux commandes de Generali en 2016, la capitalisation boursière est passée de 15 à 50 milliards d'euros et le rendement total des actionnaires s'est accru de 320 %. En 2024, l'assureur a vu son bénéfice net ajusté atteindre un record de 3,8 milliards d'euro, en progression de 5,4 % (cf. CE du
14/03/2025). Autant d'arguments qu'il a fait valoir auprès des investisseurs. Ces trois dernières années, "nous avons atteint et dépassé tous les objectifs que nous nous étions fixé. La position de Generali est plus forte que jamais", a-t-il souligné en début d'assemblée générale.
Ce vote était aussi perçu comme un référendum sur le protocole d'accord conclu en janvier avec le groupe français Natixis Investment Managers. Ce rapprochement, censé créer un leader européen de la gestion d'actifs qui pèserait près de 1900 milliards d'euros, était depuis contesté par deux influents actionnaires de Generali, M. CALTAGIRONE (6,9 % du capital) et Delfin, la holding de Leonardo DEL VECCHIO, défunt fondateur de l'empire Luxottica (9,9 %). Ces investisseurs redoutent une perte de contrôle de Generali sur l'épargne nationale en cas de fusion avec des actifs français. Un argument réfuté par M. DONNET, qui n'a cessé d'assurer que l'alliance avec Natixis "n'aurait aucun impact" sur l'épargne des Italiens ou les obligations d'Etat de la péninsule. Le vote de l'assemblée "n'était pas un référendum sur Natixis, si ça avait été le cas, nous l'aurions remporté", a balayé le directeur général dans la foulée, interrogé par la presse.
Soutenu par Delfin, M. CALTAGIRONE avait présenté une liste de six candidats pour le prochain conseil d'administration et avait appelé, en vain, les investisseurs à bloquer le projet "néfaste avec Natixis". Les frondeurs ont pu compter sur le soutien d'UniCredit, qui a porté sa participation dans Generali à 6,5 %, a rapporté l'agence Bloomberg, ajoutant que "la deuxième banque d'Italie est en faveur d'un changement de gouvernance chez Generali". Le choix d'UniCredit était particulièrement attendu, dans un contexte de concentration du secteur bancaire italien.
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