M. Olivier GAVALDA, actuellement directeur général délégué, chargé de la banque universelle, a été désigné par le conseil d'administration de Crédit Agricole S.A. (CASA), réuni sous la présidence de M. Dominique LEFEBVRE, pour succéder à M. Philippe BRASSAC aux fonctions de directeur général. Né en août 1959, M. BRASSAC a atteint la limite d'âge de 65 ans fixée par la banque et quittera donc ses fonctions à l'issue de la prochaine assemblée générale qui aura lieu le 14 mai prochain. Il avait été nommé directeur général de Crédit Agricole S.A. en mai 2015.
Rappelons que les caisses régionales, via la SAS Rue La Boétie, détiennent près de 60 % de l'entité cotée. Affichant sur son CV des expériences comme directeur de caisses régionales, dont la plus puissante - celle d'Ile-de-France, M. GAVALDA répondait à l'un des critères recherchés chez le directeur général de CASA. "La transition au sein de la direction générale de Crédit Agricole S.A. va s'organiser au cours des prochains mois", indique CASA dans un communiqué.
Né en novembre 1963, titulaire d'une maîtrise en économétrie et d'un diplôme d'études supérieures spécialisées-DESS en arts et métiers en organisation/informatique, M. Olivier GAVALDA commença sa carrière en 1988 au sein du Crédit Agricole du Midi, où il fut successivement chef de projet organisation, directeur d'agence, responsable formation, puis directeur marketing. En 1998, il rejoignit le Crédit Agricole d'Ile-de-France en tant que directeur régional, puis il fut nommé en 2002, directeur général adjoint du Crédit Agricole Sud Rhône-Alpes chargé du développement et des ressources humaines, avant d'occuper le poste de directeur général du Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne à partir de 2007. Nommé en 2010, directeur du pôle Caisses régionales au sein de Crédit Agricole S.A., il devint en 2015, directeur général adjoint chargé du pôle Développement, client et innovation de Crédit Agricole S.A. D'avril 2016 à septembre 2022, il fut directeur général du Crédit Agricole d'Ile-de-France. Depuis septembre 2022, M. Olivier GAVALDA est directeur général délégué de Crédit Agricole S.A., chargé de la banque universelle depuis novembre 2022, et membre du comité exécutif de Crédit Agricole S.A. Il est également administrateur de Worldline depuis juin 2024.
Agé de 61 ans, M. GAVALDA n'aura que quatre ans pour agir à la tête de la banque mais pourra s'appuyer sur les bons résultats de son prédécesseur. Le groupe bancaire a publié en novembre un produit net bancaire (PNB) de 28,244 milliards d'euros pour les neufs premiers mois de l'année et un résultat net part du groupe de 6,491 milliards d'euros. CASA de son côté a enregistré un PNB de 20,089 milliards d'euros et un résultat net part du groupe de 5,397 milliards d'euros de janvier à septembre 2024 (cf. CE du 07/11/2024).
Entre 2015 et 2023, les revenus de CASA ont progressé de plus de 46 % sous la direction de M. BRASSAC, atteignant 25,18 milliards d'euros l'année dernière contre 17,194 milliards d'euros en 2015. Dans son ensemble, le groupe a vu ses revenus croître de plus de 14 %, de 31,836 milliards d'euros en 2015 à 36,492 milliards d'euros en 2023. Le bénéfice est également en hausse de plus de 80 % pour CASA (6,348 milliards d'euros en 2023 contre 3,516 milliards d'euros en 2015) et de plus de 36,65 % pour l'ensemble de la banque.
En novembre, M. BRASSAC avait salué des "performances très solides et très régulières" et plébiscité à nouveau le modèle de croissance "non-borné" grâce aux différents métiers du groupe. La banque mise en effet sur la diversification de ses revenus à travers notamment des ventes croisées et des revenus issus de l'assurance. Crédit Agricole détient aujourd'hui une part de marché de 33 % sur le crédit immobilier en France. Si la banque a souffert de la baisse des volumes engendrée par la hausse des taux d'intérêt, elle mise sur une reprise dans les prochains mois avec la baisse des taux directeurs entamée par la Banque centrale européenne (cf. CE du 13/12/2024).
Banco BPM, Worldline, Amundi : les dossiers qui attendent le futur directeur général
Le nouveau dirigeant de l'entité cotée du groupe mutualiste aura plusieurs dossiers sur la table. D'abord, le nouveau directeur général sera confronté aux ambitions de la deuxième banque UniCredit qui souhaite racheter sa rivale Banco BPM dont Crédit Agricole est le premier actionnaire, mais également le partenaire. Vendredi, UniCredit a officiellement déposé son offre publique d'échange d'actions (OPE) sur Banco BPM auprès de la Consob, le superviseur financier italie. L'offre est identique à celle annoncée fin novembre et valorise Banco BPM 10,1 milliards d'euros une valorisation que BPM avait jugé insuffisante. En réponse, Crédit Agricole a annoncé au début du mois l'augmentation de sa part au sein du capital de Banco BPM de 9,9 % à 15,1 % et indiqué avoir soumis une demande d'autorisation afin de pouvoir accroitre sa participation jusqu'à 19,99 %.
Rappelons que la banque française possède, via Crédit Agricole Assurances, 65 % du capital de Vera Assicurazioni, Vera Protezione et Banco BPM Assicurazioni, et un accord de distribution d'une durée de 20 ans pour les produits en assurance non-vie, prévoyance et assurance des emprunteurs dans le réseau de Banco BPM en Italie. La filiale de crédit à la consommation en Italie Agos est également codétenue par Crédit Agricole Personal Fiance & Mobility (61 %) et Banco BPM (39 %). L'Italie représente le deuxième marché du groupe, après la France.
De plus, M. GAVALDA devra se pencher sur le spécialiste des paiements Worldline dont Crédit Agricole est actionnaire à hauteur de 7 % et avec qui la banque a créé une co-entreprise, baptisée CAWL, et qui ambitionne de devenir le "leader français des solutions de paiement pour les commerçants" (cf. CE du 09/04/2024). Worldline connait des difficultés avec notamment un cours de Bourse chahuté et un renouvellement de sa gouvernance. M. Gilles GRAPINET a ainsi quitté ses fonctions de directeur général et a été remplacé par M. Marc-Henri DESPORTES. Le directeur général délégué et directeur des services aux commerçants a été nommé directeur général par intérim de Worldline (cf. CE du 16/09/2024). Au début du mois, des informations publiées par Reuters évoquant l'intérêt de fonds d'investissement pour l'entreprise avaient fait bondir de plus de 20 % le titre de Worldline.
Autre enjeu pour le groupe, la gestion d'actifs avec sa filiale Amundi, leader européen, qui pourrait participer à la consolidation en cours dans le secteur. Selon Reuters, le gestionnaire français avait entamé en octobre des discussions avec l'Allemand Allianz afin d'envisager un rapprochement dans la gestion d'actifs, via Allianz Global Investors qui gère 560 milliards d'euros d'actifs. Cependant, les discussions auraient été interrompues au début du mois selon l'agence de presse. Le Financial Times citait alors des sources proches du dossier qui indiquaient que les négociations auraient achoppé sur la structure de la nouvelle entité et le contrôle du groupe ainsi élargi. Au troisième trimestre, Amundi a publié un niveau record d'encours de près de 2200 milliards d'euros.