Le député (PS) de Paris Emmanuel GREGOIRE, conseiller du XIIème arrondissement, ancien premier secrétaire de la fédération PS de Paris, a annoncé hier sa volonté d'être candidat aux élections municipales de 2026. "Pour apaiser les tensions, pour poursuivre les indispensables transformations, je veux être le maire de la réconciliation des Parisiennes et des Parisiens de cette ville" (sic), a expliqué M. GREGOIRE dans une déclaration à l'AFP.
L'élu de 46 ans, porte-parole du groupe Socialiste à l'Assemblée, qui a infligé une cinglante défaite au député sortant et ancien ministre Clément BEAUNE en remportant la 7ème circonscription de Paris avec 50,87 % des voix dès le premier tour en juin dernier, a longtemps été vu comme le dauphin incontestable de la maire (PS) de Paris Anne HIDALGO, dont il fut le premier adjoint de 2018 à 2020. Mais les relations avec cette dernière se sont tendues progressivement ces dernières années et tous deux sont désormais en froid. Mme HIDALGO, 65 ans, continue de maintenir le suspense sur une éventuelle troisième candidature en 2026. "Le temps n'est pas encore venu", a-t-elle récemment déclaré dans un entretien à l'AFP, démentant les "rumeurs" d'un départ à Bruxelles pour y prendre la tête d'une fondation. "Elle n'a pas envie de se représenter, c'est assez clair pour tout le monde", assure cependant l'un de ses proches, selon lequel elle aurait décidé de soutenir la candidature du sénateur (PS) de Paris Rémi FERAUD, président du groupe Paris en commun au Conseil de Paris. Ce dernier a d'ailleurs confirmé au "Parisien" qu'il se "préparait" à cette éventualité.
Ces déclarations ont, selon un proche de la maire qui a souhaité rester anonyme, "mis fin au faux suspense de sa candidature qui figeait la situation". "Je pense qu'elle n'a jamais eu en tête de faire un troisième mandat", mais "elle sait qu'à partir du jour où vous dites que vous n'êtes pas candidat à votre succession, votre pouvoir diminue. Or pour réussir les Jeux Olympiques, il fallait une maire qui ait tout son pouvoir". "Peu de gens ont éprouvé la fidélité comme je l'ai fait auprès d'Anne HIDALGO", a assuré hier matin M. GREGOIRE sur France info en précisant avoir prévenu l'édile de sa candidature. Mais "le moment est, je crois, venu de porter une nouvelle histoire pour Paris, une nouvelle proposition, un nouveau projet", a-t-il ajouté, estimant qu'"il y a une attente de renouvellement.
M. Ian BROSSAT, porte-parole du PCF, se dit également "disponible"
La maire de Paris reproche notamment à M. GREGOIRE sa proximité avec le Premier secrétaire du PS Olivier FAURE, qu'elle accuse d'être responsable de sa défaite à l'élection présidentielle de 2022 et dont elle dénonce la stratégie d'alliance avec LFI. Mme HIDALGO est "attachée à ce que Paris reste à gauche et veut que tout soit aligné pour que les forces soient rassemblées dans le bon sens", analyse un proche.
"Soit la maire décide de se représenter et l'union se fera autour d'elle, soit elle décide de pas se représenter et la question du leadership à gauche s'ouvrira", observe pour sa part le sénateur (CRCE) de Paris Ian BROSSAT, co-président du groupe communiste au Conseil de Paris. Auquel cas "je suis disponible", a soufflé le porte-parole du PCF, ancien adjoint chargé de toutes les questions relatives au logement et à l'hébergement d'urgence (de 2014 à 2023). "Je suis un candidat possible, mais la question n'est pas de savoir s'il faut choisir un socialiste, un communiste ou un écologiste, mais qui est le meilleur pour nous mener à la victoire", a-t-il ajouté.
Dans cette optique, M. GREGOIRE s'est dit prêt à soumettre sa candidature au "verdict des militants socialistes". Au-delà, il souhaite "être un candidat de rassemblement de la gauche", sur le modèle de la majorité parisienne actuelle réunissant socialistes, écologistes et communistes. Mais il ne veut pas que "cette alliance aille jusqu'à Jean-Luc MELENCHON et ses amis", a-t-il annoncé, d'une part parce qu'il y a eu "un conflit de valeurs très important" au moment de l'attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, que LFI a refusé de qualifier de "terroriste", et d'autre part parce que les insoumis "se déclarent eux-mêmes dans l'opposition municipale". "Dans toutes les villes de France, le PS prépare des listes de division", a rétorqué sur X le coordinateur de LFI Manuel BOMPARD. Listes auxquelles LFI a prévu de répondre en présentant partout des candidats, a prévenu dimanche M. Jean-Luc MELENCHON (cf. BQ du 19/11/2024).
M. GREGOIRE a déjà le soutien de 450 militants et militantes de la fédération PS de Paris, qui ont lancé un appel en sa faveur. "Nous voulons, pour demain, un Paris qui protège face aux spéculations immobilières, qui continue de se transformer. Une ville qui investit massivement pour l'école de nos enfants, qui assure une santé de qualité pour tous. Un Paris qui fait de l'adaptation aux dérèglements climatiques une priorité, tout en continuant à investir massivement pour les services publics du quotidien", écrivent-ils dans leur appel. "Pour cela, nous sommes convaincus qu'Emmanuel GREGOIRE est le mieux placé, au sein de la famille socialiste et plus largement à gauche, pour porter ce projet face au risque d'une droite dure", ajoutent-ils.
Selon un sondage Ipsos dévoilé lundi dans "Le Parisien" sur les potentiels candidats à la mairie de Paris en 2026, l'ancien Premier ministre Gabriel ATTAL, président du groupe EPR à l'Assemblée nationale qui prendra la tête du parti Renaissance début décembre, arrive en tête avec 42 % d'opinions favorables, suivi de près par la ministre de la Culture et maire du VIIème arrondissement de Paris Rachida DATI à 39 %. Mme Anne HIDALGO obtient 28 %, suivie par M. GREGOIRE, en quatrième position avec 16 %.