L'homme d'affaires tchèque Daniel KRETINSKY, président-directeur général de Czech média invest (CMI), aurait déposé une offre auprès de Vivendi pour acquérir dans sa totalité Editis, deuxième groupe d'édition français selon le quotidien "Le Figaro".
M. KRETINSKY a accéléré ces dernières années ses investissements dans les médias français via son groupe de presse CMI France ("Elle", "Télé 7 jours", "Marianne"). Il est également co-actionnaire du "Monde", a renfloué "Libération" à hauteur de 15 millions d'euros et possède plus de 5 % du groupe TF1.
Le groupe Vivendi étudie un projet de cession dans son intégralité d'Editis "afin d'éviter lesproblèmes de concurrence posés par son rapprochement" avec le groupe Lagardère, (cf. CE du 29/07/2022). Les libraires et représentants d'auteurs, qui craignent une trop forte concentration du secteur, plaident plutôt pour une cession à 100 % qui donnerait au repreneur les moyens de peser face à Hachette. Au terme de son enquête préliminaire, la Commission européenne avait annoncé qu'elle allait "procéder à une enquête approfondie" sur le projet d'acquisition afin de déterminer si ses craintes initiales étaient confirmées". Fin décembre 2022, l'institution européenne annonçait que l'enquête approfondie allait être prolongée jusqu'au 23 mai 2023 et qu'un questionnaire en ligne était lancé sur le marché de la presse people (cf. CE du 21/12/2022). La Commission européenne a récemment précisé ses griefs dans un long document signé de la commissaire à la Concurrence Margrethe VESTAGER qui reste hostile au projet présenté par Vivendi, malgré les engagements pris par le groupe en décembre puis en février.
Selon "Le Figaro", "trois autres offres" auraient été déposées, par le groupe de média italien Mondadori, propriété de M. Silvio BERLUSCONI, son homologue canadien Quebecor, et le groupe français Reworld. D'autres investisseurs précédemment évoqués, comme M. Stéphane COURBIT, président de Banijay Group, Lov Group Invest et FL Entertainment, M. Pierre-Edouard STERIN, investisseur et confondateur des coffrets-cadeaux Smartbox ou M. Xavier NIEL, président du conseil d'administration du groupe de télécommunications Iliad (Free) et président de NJJ Holding, ne
seraient plus dans la course.
Vivendi privilégie depuis l'été une opération de cotation-distribution via laquelle le groupe Bolloré, s'est engagé à revendre sa participation de 29,5 % des parts. Cette méthode présente l'avantage de mieux valoriser sa part d'Editis et d'en capter directement le profit, sur le modèle de l'introduction en Bourse d'Universal Music Group en 2021. Le 8 mars, Vivendi affirmait encore "poursuivre les discussions" avec la Commission européenne, et se donner une semaine supplémentaire pour répondre à la notification de griefs envoyée par l'autorité (cf. CE du 09/03/2023). "En ce qui concerne le processus sur Lagardère-Editis, nous sommes dans la phase 2 et au cours de cette phase, nous avons reçu la (notification des griefs) sur laquelle nous travaillons actuellement pour fournir toutes les réponses requises en ce qui concerne nos remèdes. Les remèdes sont basés sur la vente d'Editis", déclarait le président du directoire de Vivendi Arnaud de PUYFONTAINE, lors d'une conférence téléphonique, ajoutant que "nous travaillons évidemment sur une autre alternative possible"