Correspondance économique - Date de parution : 03/06/2022
M. Arnaud LAGARDERE, président-directeur général du groupe Lagardère, ne serait pas dérangé, voire "plutôt heureux", si son nom devait disparaître au profit de celui de M. Vincent BOLLORE qui vient d'en prendre le contrôle, a déclaré le dirigeant lors de l'émission "Complément d'Enquête",diffusée jeudi soir sur France 2.
"Ça ne me dérangerait pas, et ça ne dérangerait pas mon père non plus", a poursuivi le présidentdirecteur général qui "regretterait" toutefois d'en arriver là.
"Les personnes morales survivent aux personnes physiques", a-t-il répété à plusieurs reprises, dans un entretien accordé au journaliste Tristan WALECKX.
Endetté personnellement et confronté au début de la pandémie de Covid-19 aux difficultés de sa branche de distribution présente dans les gares et aéroports, M. LAGARDERE avait été forcé au printemps 2020 d'appeler M. BOLLORE pour l'aider face à une fronde actionnariale.
Via le groupe Vivendi, maison mère de Canal+, Prisma Média, Havas ou Editis, M. BOLLORE avait peu à peu grignoté le capital du groupe Lagardère, puis obtenu une modification des statuts du groupe, avant de lancer une OPA pour en prendre le contrôle.
Vivendi détient 55,4 % du capital de Lagardère à l'issue de la première phase de son OPA sur le groupe (cf. CE du 27/05/2022) et a accordé à M. LAGARDERE un mandat de président-directeur général de six ans en promettant de respecter l'intégrité de son groupe.
"Je trouve qu'il y a entre Jean-Luc LAGARDERE et Vincent BOLLORE beaucoup de similitudes"
"Je trouve qu'il y a entre Jean-Luc LAGARDERE et Vincent BOLLORE beaucoup de similitudes. (...) Ce sont des personnes extrêmement travailleuses, très exigeantes (...). Et puis, ce sont des personnes libres, ils ne se mettent à genoux que devant Dieu", a déclaré M. Arnaud LAGARDERE dans le même entretien, niant toute tension avec l'entrepreneur breton.
La prise de contrôle de Lagardère par Vivendi doit mener au rapprochement d'Europe 1 avec les chaînes du groupe Canal+ dont la chaîne CNews, et à la fusion entre les deux premiers acteurs de l'édition en France, Hachette et Editis.
Rappelons que le conseil d'administration du groupe Lagardère (Lagardère SA) a réitéré son engagement pour le maintien de l'intégrité du groupe, sa pérennité et sa continuité managériale, avec une mise à l'étude d'un projet visant à confirmer l'autonomie du pôle radio du groupe (Europe 1, Virgin Radio, RFM), via une réorganisation de la détention et de la gouvernance de celui-ci (cf. CE du 11/05/2022).
Ces opérations respecteront la pluralité "car c'est la loi qui la protège" et pourra mener à la cession de plusieurs maisons d'édition pour être autorisée par les autorités de la concurrence, a en outre
précisé M. LAGARDERE.
Correspondance économique - Date de parution : 25/04/2022
M. Arnaud LAGARDERE, président-directeur général du groupe Lagardère, est longuement revenu vendredi sur le rapprochement "prometteur" entre Hachette et Editis, filiale de Vivendi, qui devrait découler du succès de l'OPA du groupe contrôlé par M. Vincent BOLLORE.
"C'est une autre vie, un Lagardère nouveau et bien plus prometteur qui s'ouvre à nous", a-t-il lancé lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe au Casino de Paris. Avec Vivendi, "nous avons des ambitions qui dépassent les ambitions françaises. Elles sont européennes et elles sont mondiales, sans que bien évidemment cela ne remette en cause la liberté d'expression et d'écriture de tous nos auteurs", a-t-il poursuivi.
M. Arnaud LAGARDERE a rappelé avoir sollicité lui-même il y a deux ans l'aide de M. Vincent BOLLORE, alors qu'il était confronté à une mauvaise passe actionnariale. Depuis, le groupe du magnat breton est monté au capital et a lancé mi-avril une offre publique d'achat (OPA) pour prendre officiellement le contrôle du groupe fondé par Jean-Luc LAGARDERE, disparu en 2003.
"J'ai laissé dérouler les choses" et "je me suis mis totalement en retrait", car "je n'avais pas les moyens" de lancer une OPA au côté de Vivendi, s'est justifié M. Arnaud LAGARDERE, oubliant au passage l'alliance contre lui de M. Vincent BOLLORE avec son adversaire Amber Capital et la longue bataille judiciaire qu'il avait menée pour empêcher leur prise de pouvoir.
La concorde est désormais revenue entre les deux hommes d'affaires. "L'idée, c'est de devenir le leader mondial du marché du livre et c'est réalisable", a déclaré M. LAGARDERE, qui compte sur les moyens financiers de Vivendi pour se lancer dans des acquisitions supérieures à un milliard d'euros.
Le mariage entre Hachette et Editis, qui à eux deux écraseraient le marché français de leur domination, ne sera toutefois pas autorisé sans céder des maisons d'éditions. "Sur ce dossier, c'est Vivendi qui a la main" et qui agira "dans l'intérêt de Vivendi et de Lagardère, je n'ai absolument aucun doute", a assuré M. LAGARDERE.
Il tient en revanche à conserver le contrôle de ses médias qui se réduisent désormais aux titres de presse "Paris Match" et "Le Journal du Dimanche", qu'il a refusé de céder à M. Bernard ARNAULT - également actionnaire de son groupe - et les radios Europe 1, RFM et Virgin radio.
Concernant Europe 1, dont les audiences dégringolent depuis 10 ans, il a promis de ne pas refaire "la même erreur" en arrêtant trop vite les émissions qui ne marchent pas. "Peut-être faut-il être un peu plus patient, attendre, voir comment les choses vont se dérouler", a-t-il relevé. La matinale confiée à M. Dimitri PAVLENKO en août 2021, n'attire plus que 462 000 auditeurs contre plus de 4 millions pour de 7/9 de France Inter.
A l'occasion de l'assemblée générale, les actionnaires ont approuvé l'ensemble des résolutions proposées par le conseil d'administration. Ils ont notamment voté en faveur de la ratification de la cooptation de M. René RICOL, président du comité stratégique de Ricol Lasteyrie Corporate Finance, en qualité de membre indépendant du conseil d'administration.
Correspondance de la Presse - Date de parution : 17/11/2012
Mme Jacqueline REMY, journaliste qui collabore aujourd'hui à "Marianne", publie "Arnaud Lagardère. L'héritier qui voulait vivre sa vie" aux éditions Flammarion (Enquête). Dans cette biographie, Mme REMY s'intéresse avant tout à la psychologie de M. Arnaud LAGARDERE, gérant associé commandité de Lagardère SCA. Elle cherche, sans succès, à percer les secrets de celui qu'elle juge tour à tour non-conformiste, ado versatile, entêté, fluide, caméléon, hédoniste, dans le bonheur de l'instant ou le paraître aimable du moment. Ce caractère changeant expliquerait, selon Mme REMY, certains des choix professionnels de l'héritier de Jean-Luc LAGARDERE, tel son désintérêt pour l'industrie de l'armement et la vente de la participation du groupe dans EADS ou le développement d'une branche sport. Mais elle le juge également visionnaire et tenace quant à son choix d'engager dès 1995 le groupe dans le numérique (avec Grolier Interactive Europe, puis Club Internet). Si les premiers rôles de l'ouvrage sont tenus par Arnaud et Jean-Luc LAGARDERE, son père décédé en en 2003, on trouve dans les seconds rôles Mmes Corinne GIBAULT, Bethy LAGARDERE ou Jade FORET, en ce qui concerne sa vie privée, ainsi que MM. Philippe CAMUS, Jean-Paul GUT, Jean-Pierre COTTET, Dominique d'HINNIN, Pierre LEROY, Arnaud MOLINIE, Thierry FUNCK-BRENTANO ou Gérald de ROQUEMAUREL, sur un plan professionnel. Finalement, l'aventure industrielle du groupe Lagardère ne sert que de toile de fond à la démonstration de Mme REMY : M. Arnaud LAGARDERE est "un héritier qui veut vivre sa vie et l'exhibe".