M. Arnaud LAGARDERE, président-directeur général du groupe Lagardère, est longuement revenu vendredi sur le rapprochement "prometteur" entre Hachette et Editis, filiale de Vivendi, qui devrait découler du succès de l'OPA du groupe contrôlé par M. Vincent BOLLORE.
"C'est une autre vie, un Lagardère nouveau et bien plus prometteur qui s'ouvre à nous", a-t-il lancé lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe au Casino de Paris. Avec Vivendi, "nous avons des ambitions qui dépassent les ambitions françaises. Elles sont européennes et elles sont mondiales, sans que bien évidemment cela ne remette en cause la liberté d'expression et d'écriture de tous nos auteurs", a-t-il poursuivi.
M. Arnaud LAGARDERE a rappelé avoir sollicité lui-même il y a deux ans l'aide de M. Vincent BOLLORE, alors qu'il était confronté à une mauvaise passe actionnariale. Depuis, le groupe du magnat breton est monté au capital et a lancé mi-avril une offre publique d'achat (OPA) pour prendre officiellement le contrôle du groupe fondé par Jean-Luc LAGARDERE, disparu en 2003.
"J'ai laissé dérouler les choses" et "je me suis mis totalement en retrait", car "je n'avais pas les moyens" de lancer une OPA au côté de Vivendi, s'est justifié M. Arnaud LAGARDERE, oubliant au passage l'alliance contre lui de M. Vincent BOLLORE avec son adversaire Amber Capital et la longue bataille judiciaire qu'il avait menée pour empêcher leur prise de pouvoir.
La concorde est désormais revenue entre les deux hommes d'affaires. "L'idée, c'est de devenir le leader mondial du marché du livre et c'est réalisable", a déclaré M. LAGARDERE, qui compte sur les moyens financiers de Vivendi pour se lancer dans des acquisitions supérieures à un milliard d'euros.
Le mariage entre Hachette et Editis, qui à eux deux écraseraient le marché français de leur domination, ne sera toutefois pas autorisé sans céder des maisons d'éditions. "Sur ce dossier, c'est Vivendi qui a la main" et qui agira "dans l'intérêt de Vivendi et de Lagardère, je n'ai absolument aucun doute", a assuré M. LAGARDERE.
Il tient en revanche à conserver le contrôle de ses médias qui se réduisent désormais aux titres de presse "Paris Match" et "Le Journal du Dimanche", qu'il a refusé de céder à M. Bernard ARNAULT - également actionnaire de son groupe - et les radios Europe 1, RFM et Virgin radio.
Concernant Europe 1, dont les audiences dégringolent depuis 10 ans, il a promis de ne pas refaire "la même erreur" en arrêtant trop vite les émissions qui ne marchent pas. "Peut-être faut-il être un peu plus patient, attendre, voir comment les choses vont se dérouler", a-t-il relevé. La matinale confiée à M. Dimitri PAVLENKO en août 2021, n'attire plus que 462 000 auditeurs contre plus de 4 millions pour de 7/9 de France Inter.
A l'occasion de l'assemblée générale, les actionnaires ont approuvé l'ensemble des résolutions proposées par le conseil d'administration. Ils ont notamment voté en faveur de la ratification de la cooptation de M. René RICOL, président du comité stratégique de Ricol Lasteyrie Corporate Finance, en qualité de membre indépendant du conseil d'administration.