La commission des Affaires culturelles et de l'Education de l'Assemblée nationale a donné mercredi matin un avis favorable à la nomination de M. Romain LALEIX au collège de l'Arcom, avec 34 voix pour, à une voix près de la majorité des 3/5e (33). 21 députés ont donc voté contre.
M. LALEIX va succéder à Mme Anne GRAND d'ESNON, nommée en juin 2021 par l'ancien président de l'Assemblée nationale Richard FERRAND pour succéder à Mme Michèle LERIDON, décédée en mai 2021.
Pour mémoire, l'article 4 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (Loi Léotard) dispose que trois membres sont désignés par le président de l'Assemblée nationale et trois membres par le président du Sénat. Au sein de chaque assemblée parlementaire, ils sont désignés sur avis conforme de la commission permanente chargée des affaires culturelles statuant à bulletin secret à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Ils sont renouvelés par tiers tous les deux ans. La dernière candidate qui avait été choisie par Mme Yaël BRAUN-PIVET était Mme Bénédicte LESAGE au début de l'année 2023.
"J'ai construit l'essentiel de mon parcours dans le domaine des industries culturelles, l'audiovisuel, la musique, le cinéma et le numérique", a expliqué devant les députés M. LALEIX, actuellement directeur général délégué du Centre national de la musique (CNM).
Cette expérience professionnelle a d'abord été guidée par sa "passion pour les programmes, la musique, les films, les séries qui m'accompagnent depuis toujours", mais aussi par "engagement" "au service de ces activités culturelles qui jouent un rôle essentiel dans la vie des concitoyens".
"Nos industries culturelles se déploient dans une économie mondiale de l'attention, où la concurrence est féroce et pas toujours loyale", a aussi souligné le futur membre de l'Arcom. "Il ne peut y avoir de liberté et de diversité dans la création sans des secteurs culturels forts, organisés et régulés".
Lorsqu'il était conseiller chargé de l'audiovisuel et du cinéma au cabinet de Mme Audrey AZOULAY, au ministère de la Culture et de la Communication (février 2016-mai 2017), M. LALEIX, qui fut avant cela chef du bureau du secteur audiovisuel public à la DGMIC, a notamment travaillé sur la révision des décrets encadrant les obligations des chaînes de télévision privées en matière d'investissement dans la production, sur la création de la chaîne Franceinfo, ou encore sur les travaux préparant la révision de la directive SMA.
"S'ouvre une nouvelle période dont je mesure les enjeux et les complexités"
"S'ouvre une nouvelle période dont je mesure les enjeux et les complexités", a aussi estimé M. Romain LALEIX, ajoutant que le socle de notre système de régulation audiovisuelle est appelé à connaître des évolutions majeures.
Les récentes décisions de l'Arcom sur l'attribution de nouvelles fréquences et sur la numérotation dessinent un paysage renouvelé. Il conviendra, selon lui, d'accompagner au mieux le développement de ce paysage en mouvement, en veillant à un point qu'il juge "essentiel" : la pérennité du modèle économique des éditeurs et l'équilibre avec les acteurs du numérique.
Quant à l'audiovisuel public, il devra "continuer d'évoluer et affirmer sa spécificité", "dans le respect de l'identité des antennes et des métiers". "Il faut faire des efforts en matière d'organisation de structure que doit mener l'audiovisuel public, mettre en commun des moyens pour pouvoir investir dans la technologie, utiliser l'IA générative pour investir dans les contenus, renforcer la présence des journalistes sur le terrain", a estimé M. LALEIX. Il ne faudrait néanmoins pas que ces mouvements fragilisent l'audiovisuel public extérieur.
La situation de la radio devra également appeler "une attention particulière". Interrogé sur l'aménagement des quotas, M. LALEIX a indiqué vouloir "être prudent" sur le sujet ; les quotas constituant selon lui "le seul outil de régulation de la diffusion de la musique", qui ont par ailleurs "démontré leur efficacité, et fait émerger une nouvelle scène française et francophone".
Il est néanmoins logique de les interroger mais il faut pour cela réussir à mettre autour de la table les opérateurs des radios et de la musique ; le régulateur devant pouvoir jouer un rôle de médiation sur le sujet avec le Centre national de la musique.
L'extension des compétences de l'Arcom au champ du numérique : un enjeu prioritaire des six prochaines années
Selon M. LALEIX, l'extension continue des compétences de l'Arcom au champ du numérique va constituer un enjeu prioritaire dans les six prochaines années. Des questions majeures se poseront en matière de protection des mineurs, de lutte contre la désinformation, la haine en ligne et la défense des droits des créateurs, notamment avec le développement de l'IA générative.
Si le DSA offre un premier cadre de régulation harmonisé à l'échelle de l'Union Européenne, les prises de position récentes des grands opérateurs des réseaux vont constituer "un test majeur" pour ce nouveau cadre réglementaire.
Les secteurs du numérique et de l'audiovisuel "jouent un rôle fondamental dans notre société", a aussi estimé M. LALEIX, car ils contribuent "à façonner les imaginaires, à informer les concitoyens", à les divertir et les réunir autour d'évènements majeurs.
"Nous avons avec le DSA les moyens d'agir", a aussi ajouté le dirigeant. "J'ai confiance dans le fait que ce système devrait permettre d'éviter les dérives".
Ces secteurs constituent également des champs d'expression, de dialogue, "indispensables à notre débat démocratique". "Jamais, comme dans la période complexe que nous traversons, la régulation de ces activités culturelles et économiques n'aura constitué un enjeu aussi fort pour notre pays", a-t-il enfin défendu devant les députés.
Né en janvier 1981, diplômé de l'Ecole supérieure de commerce et de gestion de Lyon (EM Lyon), M. Romain LALEIX travailla pour NBC Universal Global Networks puis fut contrôleur de gestion de l'Etablissement public du musée d'Orsay et du musée de l'Orangerie (2009-2011), avant de rejoindre la direction générale des médias et des industries culturelles du ministère de la Culture et de la Communication en mai 2011, où il fut chargé de mission, adjoint au chef du bureau (septembre 2013), puis chef du bureau du secteur audiovisuel public en mai 2015. Conseiller chargé de l'audiovisuel et du cinéma au cabinet de Mme Audrey AZOULAY au ministère de la Culture et de la Communication (février 2016-mai 2017), M. Romain LALEIX fut secrétaire général du Bureau Export (organisme à destination des professionnels français de la musique) entre 2017 et 2020. Il fut rapporteur de la mission de préfiguration du Centre national de la musique auprès des députés Emilie CARIOU (LREM) et Pascal BOIS (LREM) en 2018. En 2019, M. LALEIX fut vice-président du comité opérationnel de mise en place du Centre national de la musique (CNM), avant d'être nommé directeur général délégué du Centre national de la musique en 2020.