L'ancien ministre Vincent PEILLON a annoncé hier soir sur France 2 sa candidature à la primaire du PS pour "rassembler" son camp, y compris MM. Jean-Luc MELENCHON et Emmanuel MACRON, et "gagner la présidentielle". "Je n'avais pas prévu d'être (candidat) car je considérais que le président de la République devait porter les couleurs de son bilan, j'ai pris (la décision) le soir où il a fait son annonce", a affirmé M. PEILLON, qui s'est posé en "candidat d'une éthique politique.
Retiré de la scène politique depuis son départ du gouvernement en 2014, M. PEILLON, député au Parlement européen, se consacrait depuis à ses cours à l'université suisse de Neuchâtel et à l'écriture de romans policiers. La candidature de l'ancien ministre de l'Education nationale à la primaire socialiste des 22 et 29 janvier constitue donc une surprise, dans un paysage chamboulé à gauche par le renoncement de M. François HOLLANDE à briguer un second mandat. "Au sein de la primaire, il défiera ses anciens collègues du gouvernement, MM. Arnaud MONTEBOURG et Benoît HAMON, et sans doute l'ancien Premier ministre Manuel VALLS lui-même.
Les députés des Bouches-du-Rhône Patrick MENNUCCI et de la Seine-et-Marne Eduardo RIHAN CYPEL, et le sénateur de Paris David ASSOULINE (tous identifiés historiquement comme des "peillonistes") ont déjà apporté leur soutien à M. PEILLON, tout comme le député de Paris Patrick BLOCHE. Le député de l'Hérault Sébastien DENAJA, fidèle de M. HOLLANDE, devrait suivre.
Aux yeux de ses soutiens, M. PEILLON présente l'avantage d'être au "point d'équilibre" de la gauche. Selon plusieurs élus socialistes, sa candidature aurait été encouragée par "des proches" du ministre de l'Agriculture Stéphane LE FOLL, fidèle parmi les fidèles du chef de l'Etat. D'autres y voient la main du commissaire européen Pierre MOSCOVICI, ou encore celle de la maire (PS) de Lille Martine AUBRY, qui a fermement démenti avoir agir "directement ou indirectement" en ce sens. L'entourage de la maire (PS) de Paris Anne HIDALGO a de son côté fait savoir cette dernière, sans avoir suscité cette candidature, la regardait "d'un bon il".
L'ancien Premier ministre Manuel VALLS, dont la candidature n'a pas à ce stade suscité d'élan particulier dans son camp, a accueilli plutôt fraîchement ce retour annoncé de M. PEILLON. "On ne peut pas être candidat pour affaiblir. C'est ma conception. On ne peut pas être candidat contre", a-t-il dit mercredi, tout en se refusant à le "disqualifier d'un mot ou d'une formule" (cf. BQ du 08/12/2016). Ses proches sont plus sévères, évoquant une candidature qui s'apparenterait à une "mauvaise plaisanterie" liée à l'"amertume", un "concours Lépine de celui qui se dit : ça y est, je me lève ce matin et je suis candidat". M. PEILLON "revient parce qu'il y a un certain nombre de gens qui n'acceptent pas ce qui vient de se passer (le renoncement de M. HOLLANDE), je le regrette", a estimé le président du groupe Socialiste au Sénat Didier GUILLAUME, directeur de campagne de M. VALLS, pour qui, la primaire du PS ne doit pas s'apparenter à un "congrès" du parti.
La candidature de M. PEILLON n'est pas non plus forcément une bonne nouvelle pour MM. MONTEBOURG et HAMON : si elle affaiblit M. VALLS au premier tour, elle est susceptible de lui apporter un réservoir de voix pour le second...
