Bulletin Quotidien - Date de parution : 29/05/2017
La composition du cabinet du Premier ministre, M. Edouard PHILIPPE a été publiée au "Journal officiel". Ainsi que nous l'annoncions, sont nommés au cabinet du Premier ministre :
Directeur adjoint de cabinet : M. Thomas FATOME, inspecteur général des affaires sociales, jusqu'alors directeur de la sécurité sociale (cf. BQ du 23/05/2017).
Conseiller affaires intérieures (chef de pôle) : M. Eric JALON, préfet, jusqu'alors préfet de la Charente-Maritime (cf. BQ du 19/05/2017).
Conseiller diplomatique (chef de pôle) : M. Emmanuel LENAIN, conseiller des affaires étrangères, jusqu'alors directeur d'Asie et d'Océanie au Quai d'Orsay (cf. BQ du 23/05/2017).
Conseiller santé, protection sociale, politiques sociales (chef de pôle) : M. Franck VON LENNEP, jusqu'alors directeur de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques en matière de santé et de solidarité (cf. BQ du 26/05/2017).
Conseiller économie, finances, industrie (chef de pôle) : M. Antoine SAINTOYANT, conseiller économique, jusqu'alors sous-directeur des banques et des financements d'intérêt général à la direction générale du Trésor (cf. BQ du 27/05/2017).
Conseiller relations sociales, travail, emploi, formation professionnelle : M. Franck MOREL, directeur du travail, avocat associé au cabinet Barthélemy Avocats (cf. BQ du 23/05/2017).
Conseiller relations politiques et relations avec les élus : M. Xavier CHINAUD, jusqu'alors directeur général délégué d'ESL France, associé senior, membre du directoire d'ESL & Network (cf. BQ du 17/05/2017).
Conseiller communication : M. Charles HUFNAGEL, jusqu'alors directeur de la communication et membre du comité de direction générale de la Compagnie de Saint-Gobain (cf. BQ du 16/05/2017).
Rappelons que le directeur du cabinet de M. Edouard PHILIPPE est M. Benoît RIBADEAU-DUMAS, ancien maître des requêtes au Conseil d'Etat (cf. BQ du 16/05/2017).
M. Damien CAZE, conseiller maître à la Cour des comptes, est nommé conseiller écologie, transports, énergie, logement et agriculture (chef de pôle)
Par ailleurs, ainsi que nous le laissions entendre (cf. BQ du 16/05/2017), M. Damien CAZE, conseiller maître à la Cour des comptes, ancien directeur général délégué de l'Etablissement public du Palais de la Découverte et de la Cité des sciences et de l'industrie, ancien directeur des affaires maritimes au ministère de l'Ecologie, ancien collaborateur de M. Jean-Pierre RAFFARIN, à Matignon et de M. Hervé GAYMARD, au ministère de l'Agriculture, est nommé conseiller écologie, transports, énergie, logement et agriculture (chef de pôle) au cabinet de M. Edouard PHILIPPE.
Né en juillet 1967, ingénieur civil des ponts et chaussées, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales-ESSEC, M. Damien CAZE fut nommé auditeur à la Cour des comptes en 1996, à sa sortie de l'ENA (promotion "Victor Schoelcher"), promu conseiller référendaire en 1999 et conseiller maître en 2012. Conseiller technique, chargé des affaires économiques, budgétaires, financières et juridiques, au cabinet de M. Hervé GAYMARD, au ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche et des Affaires rurales de mai 2002 à novembre 2003, puis conseiller technique, pour l'agriculture, la pêche et les professions libérales au cabinet de M. Jean-Pierre RAFFARIN à Matignon, de 2003 à 2005, il fut directeur des pêches maritimes et de l'aquaculture au ministère de l'Agriculture et de la Pêche, d'avril 2005 à mai 2007, date à laquelle il réintégra la Cour des comptes. Directeur des affaires maritimes (direction générale des infrastructures des transports et de la mer) au ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer (2008-2010), il fut ensuite directeur général délégué de l'Etablissement public du Palais de la Découverte et de la Cité des sciences et de l'industrie -Univers Science (2010-2015), avant de réintégrer la Cour des comptes. Il fut par ailleurs trésorier de l'Association des anciens élèves de l'ENA de février 2002 à février 2005.
M. Olivier COURSON, ancien maître des requêtes au Conseil d'Etat, président fondateur d'Ocema Média, est nommé Conseiller culture, communication, régulation numérique (chef de pôle)
Ainsi que nous le laissions entendre également (cf. BQ du 22/05/2017), M. Olivier COURSON, ancien maître des requêtes au Conseil d'Etat, président fondateur d'Ocema Média, ancien président du directoire de StudioCanal, ancien collaborateur de M. Lionel JOSPIN à Matignon et de Mme Catherine TRAUTMANN au ministère de la Culture et de la Communication, est nommé conseiller culture, communication, régulation numérique (chef de pôle) au cabinet de M. Edouard PHILIPPE.
Né en décembre 1965, titulaire d'une maîtrise de droit privé et diplômé de l'IEP de Paris, M. Olivier COURSON fut nommé auditeur au Conseil d'Etat en 1995 à sa sortie de l'ENA (promotion "René Char") et promu maître des requêtes en 1998. Conseiller juridique du directeur général des postes et télécommunications pour la réforme de la réglementation des télécommunications (1995-1996), il fut ensuite conseiller juridique du directeur général du Centre national de la cinématographie (1997-1999) et conseiller juridique du Service juridique et technique de l'information-SJTI (1998-1999). Chargé, en 1998, par le Premier ministre d'alors, M. Lionel JOSPIN, d'une mission d'expertise pour la mise en œuvre de l'étude du Conseil d'Etat "Internet et les réseaux numériques", il fut ensuite conseiller technique (cinéma, affaires européennes et internationales) au cabinet de Mme Catherine TRAUTMANN, au ministère de la Culture et de la Communication (1999-2000), puis conseiller pour la culture et la communication au cabinet de M. JOSPIN à Matignon (2001-2002). Il réintégra le Conseil d'Etat en mai 2002, avant d'être nommé en avril 2003 secrétaire général du Groupe Canal+ puis, en février 2007, président du directoire de StudioCanal, fonction qu'il exercera jusqu'en septembre 2015, avant de fonder en décembre la société Ocema Média. M. COURSON démissionna de la fonction publique en avril 2013.
Mme Aurélia LECOURTIER-GEGOUT, conseillère référendaire à la Cour des comptes, est nommée Conseillère budget, fonction publique, réforme de l'Etat (chef de pôle)
En outre, Mme Aurélia LECOURTIER-GEGOUT, conseillère référendaire à la Cour des comptes, ancienne collaboratrice de M. Bernard KOUCHNER au ministère des Affaires étrangères et européennes, ancienne conseillère pour les affaires économiques auprès du secrétaire général du gouvernement, est nommée conseillère budget, fonction publique, réforme de l'Etat (chef de pôle) au cabinet du Premier ministre.
Née en décembre 1972, diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris, titulaire d'un diplôme d'études approfondies de relations internationales, Mme Aurélia LECOURTIER-GEGOUT fut affectée à la direction du Budget à sa sortie de l'ENA (promotion "Léopold Sédar Senghor) en 2004. Adjointe au chef du bureau "affaires étrangères et coopération" (2004-2006), puis adjointe de synthèse au bureau des finances et des politiques de l'Union européenne à cette même direction (2006-2008), elle fut conseillère technique, puis conseillère (budget, modernisation de l'administration et financements innovants) au cabinet de M. Bernard KOUCHNER au ministère des Affaires étrangères et européennes (2008-2010). Conseillère pour les affaires économiques auprès du secrétaire général du gouvernement (2011-2016), Mme Aurélia LECOURTIER-GEGOUT fut nommée, en janvier 2016, conseillère référendaire à la Cour des comptes. Elle est l'épouse de M. Christophe GEGOUT, administrateur de l'INSEE, administrateur général adjoint du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives-CEA. Elle est la fille de M. Philippe LECOURTIER, ancien élève de l'ENA (promotion "Turgot"), ministre plénipotentiaire honoraire, ancien conseiller d'Etat en service extraordinaire, ancien ambassadeur au Liban et au Brésil, et la sœur de M. Christophe LECOURTIER, ancien élève de l'ENA (promotion "Victor Hugo"), conseiller économique, ambassadeur en Serbie, ancien directeur général d'Ubifrance.
Bulletin Quotidien - Date de parution : 16/05/2017
Comme cela était attendu (cf. BQ du 15/05/2017), M. Edouard PHILIPPE, député (LR) de Seine-Maritime, maire du Havre, a été nommé Premier ministre hier par le président de la République, M. Emmanuel MACRON.
M. PHILIPPE sera le 22ème Premier ministre depuis 1959, M. Jacques CHIRAC ayant été nommé deux fois à Matignon.
Il remplace M. Bernard CAZENEUVE, qui occupait ces fonctions depuis décembre dernier, nommé à la suite du départ de M. Manuel VALLS, candidat à la primaire de la gauche pour l'élection présidentielle. M. CAZENEUVE sera le Premier ministre dont le mandat fut le plus court depuis le début de la Vème République.
Né en novembre 1970, fils de professeurs de lettres, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, M. Edouard PHILIPPE fut nommé auditeur au Conseil d'Etat en 1997, à sa sortie de l'ENA (promotion "Marc Bloch"), et promu maître des requêtes en avril 2000.
Son premier engagement intervient à la fin des années 1980, lorsqu'il se rapproche du PS pour soutenir Michel ROCARD, alors Premier ministre. Il quitte cette formation après le départ de Matignon de Michel ROCARD. Son premier engagement électoral se fait cependant à droite, aux côtés de l'ancien ministre Antoine RUFENACHT, ancien député (RPR) de Seine-Maritime, ancien président du conseil régional de Haute-Normandie, proche de M. Jacques CHIRAC, dont il dirigea la campagne présidentielle de 2002. Elu maire du Havre en 1995, mettant fin à plusieurs décennies de domination du PCF sur cette ville, il propose, pour les élections municipales de 2001, à M. PHILIPPE de rejoindre sa liste. De fait, ce dernier devint, dès 2001, adjoint au maire, chargé des affaires juridiques, et fut adjoint au maire jusqu'en 2010.
Candidat aux élections législatives de 2002 dans la 8ème circonscription de Seine-Maritime, fief communiste depuis 1958, il est battu par le candidat communiste Daniel PAUL, qui réussit à conserver la circonscription, malgré un net recul.
Il rencontre, à la même époque, l'ancien Premier ministre Alain JUPPE, qui a lancé la création de l'UEM, puis de l'UMP, afin de mettre fin aux divisions de la droite. Devenu très proche du maire de Bordeaux, il se voit confier la direction générale de l'UMP, nouvelle formation de droite, présidée par M. JUPPE. Il occupe ces fonctions jusqu'en 2004, évoquant "deux ans et demi de stress, de coups bas et de fortes turbulences", et les quitte lorsque M. JUPPE doit lui-même se mettre en retrait de la vie politique nationale, à la suite de sa condamnation dans l'affaire d'emplois fictifs de la Ville de Paris.
Il réintègre temporairement le Conseil d'Etat, avant de rejoindre, comme counsel, le cabinet Debavoise & Plimpton, puis de prêter son serment d'avocat.
Nommé conseiller auprès de M. Alain JUPPE, au ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables, en mai 2007, il quitte ces fonctions un mois plus tard, l'échec du maire de Bordeaux aux élections législatives entraînant son départ du gouvernement.
M. PHILIPPE n'en poursuit pas moins son implantation politique en Seine-Maritime : élu conseiller régional de Haute-Normandie en 2004, en 2007, il devient suppléant du député de la 7ème circonscription de Seine-Maritime, Jean-Yves BESSELAT (UMP), qui avait succédé, en 1995 à M. RUFENACHT, qui privilégia ses mandats locaux après avoir conquis la maire du Havre. Il fut par ailleurs conseiller général (élu du canton du Havre V) de 2008 à 2012.
Il rejoignit, dans le même temps, le groupe Areva, où il fut nommé, en octobre 2007, directeur adjoint de la communication, directeur des affaires publiques, occupant ces fonctions jusqu'en décembre 2010 : il quitta en effet ce groupe après avoir succédé, en octobre 2010 à M. Antoine RUFENACHT la mairie du Havre et à la présidence de la communauté d'agglomération.
En 2009, il siège par ailleurs à la Commission chargée de réfléchir aux priorités du futur emprunt national, coprésidée par les anciens Premiers ministres Michel ROCARD et Alain JUPPE.
Proclamé député de Seine-Maritime en mars 2012, à la suite du décès de Jean-Yves BESSELAT, il fut réélu en juin 2012, et a annoncé il y a quelques semaines qu'il ne se représentait pas aux élections législatives, privilégiant la ville du Havre, dont il fut réélu maire en 2014.
Membre du groupe de travail présidé par M. Thierry SOLERE, sur l'organisation des primaires à droite, en décembre 2014, puis membre du comité national d'organisation de la primaire, M. Edouard PHILIPPE, dont l'inimitié avec M. Nicolas SARKOZY est notoire, apporte, sans surprise son soutien à M. Alain JUPPE pour la primaire de la droite, devenant son porte-parole.
Après l'échec de M. JUPPE, M. Edouard PHILIPPE dans une tribune intitulée "Ambulans", demande à M. Emmanuel MACRON, qu'il a d'abord vivement critiqué, de "transgresser" pour "constituer une majorité d'un autre type".
Notons que, si l'on excepte le général de GAULLE et Michel DEBRE en 1958, M. Edouard PHILIPPE devrait être le 3ème Premier ministre à ne pas se présenter aux élections législatives, après Georges POMPIDOU en 1967 et M. Jean-Pierre RAFFARIN, sénateur, en 2002.
Le nouveau Premier ministre "homme de droite"
Le nouveau Premier ministre, M. Edouard PHILIPPE, lors de la passation de pouvoirs avec son prédécesseur, M. Bernard CAZENEUVE, répondant par anticipation aux critiques des élus de droite à la suite de sa nomination, s'est présenté comme un "homme de droite". "Vous avez dit que vous étiez un homme de gauche (...) Il se trouve que je suis moi-même un homme de droite (...). Comme vous, je sais (...) que l'intérêt général doit guider l'engagement des élus, l'engagement des agents de l'Etat et, d'une certaine façon, l'engagement de nos concitoyens", a-t-il déclaré au côté de M. CAZENEUVE, dans la cour de Matignon, lors de la passation de pouvoirs.
"Je voudrais (...) vous dire, M. le Premier ministre, combien vous avez constitué un exemple, au-delà de désaccords qu'il nous est arrivé de formuler, mais un exemple de caractère", a poursuivi M. PHILIPPE, rendant un hommage appuyé à M. CAZENEUVE. "Les six mois que vous venez de passer à diriger l'action gouvernementale à Matignon constituent le point d'orgue d'un parcours ministériel (...), depuis mai 2012, assez exceptionnel. Au milieu des négociations européennes, puis de la machinerie budgétaire, au coeur des défis pour la sécurité de nos compatriotes (...) puis ici, vous avez (...) souhaité servir l'Etat", a dit le nouveau chef du gouvernement, au début de sa courte allocution.
Rappelant que tous deux ont été "maires de villes portuaires et de villes normandes", M. PHILIPPE a souligné avec humour que "les Normands sont certes violemment modérés, ils sont aussi parfois conquérants, et vous êtes complètement normand, et moi aussi".
M. CAZENEUVE avait auparavant mis en exergue leurs origines normandes et cité Alexis de TOCQUEVILLE au sujet des Normands "violemment modérés".
"La situation" implique de "tenter quelque chose qui n'a jamais été tenté"
Invité, hier soir sur TF1, M. Edouard PHILIPPE a expliqué avoir accepté le poste de Premier ministre en raison de "la situation" du pays, qui impliquait de "tenter quelque chose qui n'a jamais été tenté" avec des hommes de droite, du centre et de gauche au sein d'un même gouvernement. "J'ai réfléchi, j'ai consulté un peu et je me suis dit que la situation dans laquelle nous étions était suffisamment unique pour que nous tentions quelque chose qui n'a jamais été tenté", a déclaré le nouveau chef du gouvernement. Le Premier ministre a estimé que le choix d'Emmanuel MACRON de recourir aux ordonnances pour réformer le Code du travail ne signifiait pas "le refus de la discussion". "Ces ordonnances, ça n'est pas le refus de la discussion, et j'insiste sur ce point : une bonne réforme, c'est une réforme qui est pensée, annoncée, discutée et ensuite rapidement exécutée, parce que les Français attendent une transformation, ils attendent des progrès", a déclaré M. PHILIPPE. "Je sais les inquiétudes que suscite (la réforme), je vais les entendre, nous allons travailler, mais la volonté du président de la République, elle est clairement affirmée et moi, mon objectif, c'est de faire en sorte que les objectifs qu'il a fixés soient atteints", a-t-il poursuivi. Pour le Premier ministre, "il y aura évidemment consultation et discussion" avec les partenaires sociaux, et "il y aura un moment de discussion parlementaire, car (...) les ordonnances (..) n'excluent pas la discussion parlementaire. Il y a une loi d'habilitation qui est discutée au Parlement, puis il y a une loi de ratification qui est discutée au Parlement". "Il y a donc discussion parlementaire, mais il y a aussi rapidité d'exécution", a-t-il conclu.
Pour son premier déplacement comme Premier ministre, M. Edouard PHILIPPE s'est rendu hier soir à la préfecture de police de Paris où il est venu dire aux policiers qu'"on pense tous à eux" face au risque d'attentats.
La nomination du nouveau chef du gouvernement suscite des tensions à droite
Sans surprise, la nomination de M. Edouard PHILIPPE à Matignon a suscité des tensions à droite, entre ceux qui appellent à "répondre à la main tendue" par le nouveau président de la République, et ceux qui veulent une campagne législative reposant sur les oppositions entre droite et gauche.
Le président du MoDem, M. François BAYROU, s'est dit hier "très heureux" de la nomination de M. PHILIPPE à Matignon, "en raison de ses qualités humaines et de la recomposition qui est ainsi promise à la France". La vice-présidente du MoDem Marielle de SARNEZ avait salué plus tôt dans la journée cette nomination, y voyant "un signal de large rassemblement et de recomposition politique". "C'est un signal de large rassemblement, nécessaire pour le pays. C'est aussi un signal de recomposition politique avec des personnalités avec lesquelles nous sommes en parfaite cohérence", avait-elle ajouté, en soulignant "l'entente de longue date" entre le MoDem et l'aile juppéiste de la droite.
Par ailleurs, près de 30 élus LR et UDI, notamment des proches de M. Alain JUPPE et de M. Bruno LE MAIRE, ont jugé hier que leurs familles politiques "doivent répondre à la main tendue" par le président de la République, M. Emmanuel MACRON. La nomination de M. Edouard PHILIPPE "représente un acte politique de portée considérable" et "la droite et le centre doivent prendre la mesure de la transformation politique qui s'opère sous leurs yeux", plaident dans un communiqué commun ces élus. "Plutôt que les anathèmes, les caricatures, les exclusions, nous demandons solennellement à notre famille politique d'être à la hauteur de la situation de notre pays et de l'attente des Français, qui, au lendemain de l'élection d'Emmanuel MACRON, attendent de nous d'être au rendez-vous de l'intérêt général (...) ; nos familles politiques de la droite et du centre doivent répondre à la main tendue par le président de la République", ont-ils déclaré.
Les premiers signataires étaient MM. Gérald DARMANIN, maire (LR) de Tourcoing, premier-vice-président du conseil régional des Hauts-de-France (sarkozyste), Sébastien LECORNU, président (LR) du conseil départemental de l'Eure, Thierry SOLERE, député (LR) des Hauts-de-Seine, ancien président du comité d'orientation de la primaire, Arnaud ROBINET, député (LR) de la Marne, maire de Reims, Christophe BECHU, sénateur (LR) du Maine-et-Loire, maire d'Angers, Franck RIESTER, député (LR) de Seine-et-Marne maire de Coulommiers, Frédéric LETURQUE, maire (UDI) d'Arras, Mme Fabienne KELLER, sénatrice (LR) du Bas-Rhin, M. Laurent DEGALLAIS, député (UDI) du Nord, maire de Valenciennes, Mme Marie-Agnès POUSSIER, maire de Fécamp, MM. Pascal COSTES, présent (LOR) du conseil départemental de la Corrèze, Dominique BUSSEREAU, député (LR) et président du conseil départemental de Charente-Maritime, président de l'Assemblée des Départements de France, ancien ministre, Alain LAMBERT, premier vice-président et ancien président (UDI) du conseil départemental de l'Orne, ancien sénateur, ancien ministre, Mmes Tokia SAIFI, députée (PPE) au Parlement européen, ancienne ministre, Nicole DURANTON, sénatrice (LR) de l'Eure, MM. Christian ESTROSI, maire (LR) de Nice, ancien député, ancien président du conseil régional de PACA, ancien ministre, Benoist APPARU, député (LR) de la Marne, marie de Châlons-en-Champagne, ancien ministre, Mmes Laure de LA RAUDIERE, députée (LR) d'Eure-et-Loir, Delphine BURKLI, conseillère (LR) de Paris, maire du 9ème arrondissement, conseillère régionale d'Ile-de-France, MM. Jean-Luc MOUDENC, maire (LR) de Toulouse, Stéphane BEAUDET, vice-président (LR) du conseil régional d'Ile-de-France, et Philippe RAPENEAU, président de la communauté urbaine d'Arras.
Les anciens ministres Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, députée (LR) de l'Essonne présidente du groupe LR au Conseil de Pairs, et Jean-Louis BORLOO, ancien président de l'UDI, ancien président du Parti radical, MM. Jean ROTTNER, maire (LR) de Mulhouse, Grégoire de LASTEYRIE, conseiller régional (LR) d'Ile-de-France, maire de Palaiseau, ont rejoint les premiers signataires.
L'arrivée de M. Edouard PHILIPPE apparaît comme un défi lancé à la droite, un proche du chef de l'Etat ayant considéré hier que cette nomination a un sens, elle casse la droite". "La recomposition politique que j'ai entamée depuis plusieurs mois et qui a conduit à mon élection se poursuit et se fera dans le cadre de mon élection présidentielle et de ce que le peuple français a voulu, ni plus ni moins" a déclaré à Berlin le président de la République, en réponse à une question sur le signal donné par la nomination de son chef de gouvernement.
De fait, Les Républicains comme l'UDI, dont de nombreux élus ont, officiellement ou officieusement, apporté leur soutien à M. MACRON, semblaient confrontés à des difficultés quant à l'attitude à adopter.
Proche du nouveau Premier ministre, M. Alain JUPPE a estimé hier que M. Edouard PHILIPPE, "qui est un ami, est un homme de grand talent (...) un maire apprécié par la population de sa ville, qu'il a considérablement développée (...), est aussi un député qui connaît parfaitement les rouages de l'activité parlementaire". "Il a donc, je crois, toutes les qualités pour assumer la fonction difficile que le président de la République vient de lui confier", a déclaré le maire de Bordeaux, avant de poursuivre, nuançant la première partie de sa déclaration : " Cela dit nous entrons maintenant dans une séquence nouvelle de la vie politique avec la préparation des élections législatives qui auront lieu dans moins d'un mois. Pendant cette campagne, je soutiendrai, comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, les candidats investis par LR et l'UDI sur une plateforme politique qui, pour l'essentiel, me convient", a souligné l'ancien Premier ministre. "C'est à la lumière du résultat de ces élections législatives, de la composition de la future Assemblée nationale et des initiatives que le président de la République prendra à ce moment-là, qu'il conviendra de fixer notre ligne (...). Si la droite et le centre ne sont pas majoritaires à l'Assemblée nationale, le pays ne comprendrait pas que nous nous engagions dans une opposition systématique. Il faudra alors trouver les voies et les moyens d'un travail constructif dans l'intérêt de la France" a ajouté M. JUPPE.
"L'équation politique de ce gouvernement sera fixée par les députés, je vote LR en juin" a déclaré de son côté M. Jean-Pierre RAFFARIN.
Chef de file LR pour les législatives, M. François BAROIN, sénateur de l'Aube, a de nouveau averti que ceux qui "se rapprochent d'Emmanuel MACRON" avant le scrutin des 11 et 18 juin seront "exclus" du parti.
Le secrétaire général de LR, M. Bernard ACCOYER, quant à lui "a pris acte" de la nomination de M. Edouard PHILIPPE, y voyant "une décision individuelle" et non "un accord politique", précisant que M. PHILIPPE ne serait pas "exclu" mais s'était mis de lui-même en dehors de sa famille politique.
La gauche appelle les électeurs à rééquilibrer les forces en présence à l'occasion des législatives
A gauche, le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe CAMBADELIS a estimé qu'après la nomination d'un Premier ministre issu des rangs de la droite, le Parlement avait désormais "besoin de gauche".
"La question qui nous est posée, c'est : est-ce qu'il faut donner une majorité à un Premier ministre de droite, (...) qui s'est d'ailleurs opposé au président Macron sur tous les sujets (lorsque M. MACRON était à Bercy, NDLR) et qui est en contradiction sur tous les sujets avec M. MACRON ?", a développé M. CAMBADELIS dans son édito politique hebdomadaire. "D'ailleurs Monsieur JUPPE ne s'y est pas trompé. Il vient de déclarer : soit nous avons une majorité au Parlement et ce sera un Premier ministre de droite, soit nous n'aurons pas de majorité au Parlement et ce sera encore un Premier ministre de droite avec qui nous pourrons travailler. Donc François BAROIN ou Edouard PHILIPPE, c'est du pareil au même", a-t-il poursuivi, en estimant que face à cette situation, le devoir du PS était d'envoyer "le maximum de députés de gauche, des députés socialistes à l'Assemblée nationale, car le Parlement a besoin de la gauche".
Avec M. PHILIPPE, le président "fait le choix d'un Premier ministre conservateur qui n'a jamais jusqu'à aujourd'hui manifesté son ralliement au projet "En Marche !"", a souligné de son côté le président du groupe Socialiste, écologiste et républicain (SER) à l'Assemblée nationale, M. Olivier FAURE. "Au-delà de ses qualités personnelles pour diriger une équipe gouvernementale, de son sens de l'Etat et de son expérience de maire du Havre, Edouard PHILIPPE est aussi un parlementaire et un responsable des Républicains qui ne s'est jamais démarqué de l'opposition radicale de la droite sur des sujets sur lesquels la rencontre des progressistes aurait pu avoir lieu", a poursuivi M. FAURE, pour qui le quinquennat commence par "une marche arrière".
"Edouard PHILIPPE me semble celui qui peut rassembler les progressistes de droite et de gauche", a déclaré au contraire le président du groupe Socialiste au Sénat Didier GUILLAUME. "Pourquoi je soutiens le président de la République et je soutiendrai ce gouvernement et la majorité présidentielle ? Parce que nous n'avons pas autre chose à faire. Il faut que ce pays s'en sorte, continue à se développer, et pour cela il faut qu'Emmanuel MACRON et son gouvernement réussissent", a ajouté ce proche de l'ancien Premier ministre Manuel VALLS.
Le député des Yvelines et ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle Benoît HAMON a estimé pour sa part que la nomination à Matignon d'un homme issu de la droite "clarifiait l'orientation (du) projet politique" de M. MACRON. Tout en souhaitant "bonne chance et bon courage" à M. PHILIPPE, il a jugé que "la place de la gauche" n'était "ni dans son gouvernement ni dans la majorité qui pourrait le soutenir". "La démocratie française est malade. Elle a besoin de débats et d'options politiques claires et cohérentes. Il faut sortir de l'indifférenciation droite-gauche et de la confusion politique car elles font le lit de toutes les radicalités. Qui peut croire que la gauche se reconstruira dans une coalition dirigée par un membre des Républicains ? Ce n'est ni sérieux, ni crédible", a poursuivi M. HAMON en invitant les Français à élire "le plus grand nombre de députés de gauche" lors des élections législatives.
"Le nouveau président de la République vient de prendre le commandement de toute la classe politique traditionnelle de notre pays", a réagi de son côté le leader de La France insoumise Jean-Luc MELENCHON, selon lequel "le Parti socialiste a été déjà absorbé puisque ses élus et ses candidats par dizaines ont demandé l'investiture de M. MACRON et nombre d'entre eux attendent d'être élus pour le rejoindre", tandis que les électeurs du Front national sont "abandonnés" par "leurs chefs" qui "ont tous déserté". Quant à la droite, elle "vient d'être annexée" par M. MACRON, a poursuivi M. MELENCHON. "Cet attelage hasardeux qui vient d'être constitué ne fonctionnera qu'au prix d'un césarisme et d'une autorité de la monarchie présidentielle toujours plus grande", a-t-il ajouté dans une courte allocution prononcée depuis son quartier général, en demandant que "chacun (des) bulletins de vote soit comme un balai pour les dégager tous" aux élections législatives. "Ne donnez pas les pleins pouvoirs à M. MACRON et à son Premier ministre, une cohabitation est nécessaire", a-t-il poursuivi. Il faut former une majorité différente de celle du Premier ministre, de son bric-à-brac, pour pouvoir avoir une action politique cohérente qui réponde aux attentes sociales, démocratiques et écologiques de notre peuple", a encore expliqué M. MELENCHON. Pour M. Eric COQUEREL, co-responsable du Parti de gauche et ancien porte-parole de M. MELENCHON pendant la campagne, la nomination de M. PHILIPPE "confirme que Emmanuel MACRON est bien de droite et de droite".
Avec la nomination de M. PHILIPPE comme Premier ministre, "la présidence Macron prend sa véritable tournure : ni de gauche, ni de gauche", a estimé pour sa part le Secrétaire national du PCF Pierre LAURENT dans un communiqué. "Le tintamarre sur le renouveau cache de vieilles recettes du libéralisme. Chacun sait donc maintenant à quoi s'en tenir : la majorité parlementaire que le Président réclame aux Français lors des élections législatives serait faite pour donner au gouvernement les mains libres et engager dès l'été le laminage du Code du travail, des dépenses et des services publics, des budgets des collectivités locales", a-t-il ajouté, estimant que "les travailleurs ont tout à perdre à donner ce blanc-seing au nouveau gouvernement". "Ils ont au contraire besoin du plus grand nombre possible de députés issus des forces de gauche qui refusent la dérive libérale et autoritaire, et parmi eux de beaucoup de députés communistes et Front de gauche pour rendre les batailles à venir au Parlement et les nouvelles politiques solides et durables", a conclu M. LAURENT.
"Cette nomination d'un élu de droite confirme les intentions libérales" de M. MACRON ont réagi dans un communiqué les porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), M. Julien BAYOU et Mme Sandra REGOL, déplorant particulièrement "la nomination comme Premier ministre d'un élu qui a aussi été cadre dirigeant chez Areva". "Cette situation pourrait freiner la mise en œuvre de mesures absolument nécessaires en matière de nucléaire et au-delà de politique énergétique et climatique", ont-ils mis en garde en rappelant qu'en tant que député, M. PHILIPPE "s'était d'ailleurs opposé et avait voté contre la Loi de transition énergétique". "Face aux blocages du vieux monde et aux lobbies, il faut des écologistes pour défendre la transition écologique de la France et de l'Europe. C'est pour cela qu'Europe Ecologie Les Verts appelle les électrices et les électeurs à ne pas se tromper de bulletin les 11 et 18 juin prochains : pour faire de l'écologie, il faut des député-e-s écologistes à l'Assemblée nationale", ont-ils ajouté.